Le Label DD&RS

Un label né d’une ambition forte

Près de 9 étudiants sur 10 n’ont jamais entendu parler du label DD&RS. Et pourtant, il structure aujourd’hui la stratégie durable de dizaines d’universités et grandes écoles françaises.

Créé à la fin de l’année 2015, le label Développement Durable & Responsabilité Sociétale (DD&RS) est né d’un travail collectif réunissant universités, grandes écoles, conférences (CGE, France Universités), deux ministères et le réseau étudiant RESES. Opéré par l’association CIRSES, il s’inscrit dans la continuité du Plan Vert lancé par la loi Grenelle I (2009).

Son objectif : valoriser nationalement et internationalement les démarches durables des établissements d’enseignement supérieur, en couvrant toutes leurs missions – gouvernance, formation, recherche, gestion environnementale et politique sociale.


Où en est-on aujourd’hui ?

Près de dix ans après sa création, 64 établissements sont désormais labellisés (49 écoles et 15 universités).

Ce chiffre doit être mis en perspective avec le paysage français : en 2024, on comptait 71 universités, 295 écoles d’ingénieurs et 423 écoles de commerce, gestion et comptabilité. Parmi elles, 15 universités sont labellisées, soit environ 21 %. Du côté des écoles, la proportion reste faible : moins d’une école sur dix est aujourd’hui labellisée.

Le processus distingue deux niveaux de maturité (2 ou 4 ans) et fonctionne comme un outil de partage entre pairs : chaque établissement labellisé forme des auditeurs qui, à leur tour, contribuent au dispositif.


Les critères et le parcours de labellisation

Les conditions d’éligibilité

Avant même l’audit, plusieurs critères formels sont vérifiés :

  • être membre de CIRSES (adhésion 1 000 €/an ou associée 350 €/an),
  • avoir réalisé, l’année précédente, l’auto-évaluation via la plateforme PERSEES,
  • constituer un dossier complet (charte d’engagement, lettre de candidature, pièces administratives),
  • avoir suivi les webinaires CIRSES sur la procédure.

Les 8 étapes clés du parcours

  1. Préparation interne : collecte des preuves, auto-évaluation PERSEES.
  2. Dépôt du dossier.
  3. Contrôle de recevabilité par CIRSES.
  4. Audit documentaire et entretiens par une équipe mixte (auditeur pilote, expert, 2 étudiants RESES).
  5. Rapport provisoire partagé.
  6. Rapport final validé par les auditeurs.
  7. Comité d’experts : analyse et recommandations.
  8. Comité de labellisation : décision finale (label 2 ou 4 ans).

Depuis septembre 2025, les établissements peuvent déposer leur candidature à tout moment de l’année.

Combien ça coûte ?

  • Adhésion CIRSES obligatoire :
    • 1 000 €/an pour les membres adhérents,
    • 350 €/an pour les membres associés (sans accès complet à la labellisation).
  • Frais indirects possibles : mobilisation interne, préparation documentaire, participation aux formations.

Un label reconnu, mais encore peu connu des étudiants

Malgré son rôle structurant, le label reste marginal dans la perception étudiante selon le rapport récent du Bureau National des Étudiants en école de Management (BNEM).

Cette enquête nationale a été menée à l’automne 2023 auprès de près de 2 000 répondants issus des 36 écoles de la CDEFM (Conférence des Directeurs des Écoles Françaises de Management). Diffusée en ligne via les réseaux du BNEM et les administrations des écoles, elle comportait 21 questions et s’articulait autour de trois volets :

  1. Les enjeux écologiques dans le choix d’une école (importance des classements, labels, accréditations, etc.).
  2. La place des enjeux écologiques dans le cursus (cours, vie associative, fresques, sensibilisation).
  3. L’intégration des enjeux écologiques dans la vie professionnelle (stages, carrières responsables).

Les résultats principaux montrent que :

  • Les étudiants accordent une note moyenne de 7,45/10 à l’importance des enjeux écologiques.
  • Pourtant, 63 % déclarent ne connaître aucun label lié à l’écologie dans l’enseignement supérieur.
  • Seuls 12,7 % connaissent le label DD&RS, un score comparable au Positive Impact Rating (13,5 %) et inférieur au Shift Project (14,6 %).
  • Même parmi les étudiants « éco-sensibles » (note 7 à 10/10 sur l’importance des enjeux), près de 60 % ne connaissent aucun label.
  • Enfin, dans le choix d’une école, les classements classiques (SIGEM, L’Étudiant, Financial Times) dominent largement, suivis des accréditations internationales (EQUIS, AACSB, AMBA), tandis que les labels arrivent très loin derrière (seuls 4 % les placent comme premier critère).

L’étude souligne donc un décalage : les étudiants se disent très sensibles à l’urgence écologique, mais ne traduisent pas encore cette sensibilité dans leurs critères de choix d’école, faute de visibilité et de confiance dans les labels engagés.


Pourquoi persévérer ?

Malgré cette faible notoriété, les bénéfices sont clairs :

  • Structuration interne : un cadre commun pour piloter la stratégie DD&RS.
  • Crédibilité externe : reconnaissance nationale par les instances et pairs.
  • Communauté : réseau d’échanges et de co-construction.

Et surtout, dans un contexte où le Haut Conseil pour le Climat souligne que la France doit accélérer plus de deux fois le rythme actuel de réduction des émissions pour atteindre la neutralité carbone, le label apparaît comme un levier de crédibilité et d’action incontournable.


En conclusion

Le label DD&RS est né avec une ambition forte : transformer l’enseignement supérieur à travers une démarche systémique et exigeante de développement durable.

Dix ans plus tard, il a réussi à fédérer plus de 60 établissements, mais reste encore trop discret auprès des étudiants. Le défi des prochaines années sera de renforcer sa notoriété pour qu’il devienne un critère de choix aussi naturel que les classements ou les accréditations internationales.